Les couples seniors face à l’entrée en résidence : réalité croissante

* * *

Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), la proportion de personnes âgées vivant en couple augmente sensiblement au fil des générations. En 2020, environ 65% des hommes de 75 à 79 ans et 36% des femmes du même âge vivent en couple (source : DREES, édition 2022). Cette dynamique explique l’intérêt croissant pour des solutions d’accueil permettant de maintenir la vie à deux, même lorsque les besoins d’accompagnement évoluent.

  • Les nouveaux résidents arrivent souvent plus tardivement en établissement qu’il y a vingt ans, avec un âge moyen d’entrée en EHPAD autour de 85 ans (source : CNSA, 2023), ce qui accroît la nécessité d’adaptations pour les couples dont un membre devient dépendant avant l’autre.
  • Le modèle des résidences seniors s’adresse principalement à des personnes autonomes ou faiblement dépendantes, souhaitant préserver leur autonomie et leur mode de vie antérieur.

Résidences seniors : quelles options pour les couples ?

* * *

Les résidences seniors, parfois appelées résidences-services ou résidences autonomie, offrent des logements indépendants, généralement des appartements T1 ou T2, avec des espaces privatifs et des espaces collectifs.

Types de logements disponibles

  • Appartements double (T2 ou T3) : Près de 80% des résidences seniors proposent des logements adaptés à la vie de couple, selon la Fédération Nationale des Résidences Services Seniors (FNRS), facilitant ainsi le maintien du couple dans un environnement sécurisé.
  • Possibilité, selon les résidences, de disposer de deux chambres ou d’une surface suffisante pour préserver l’intimité et le confort des deux conjoints.

Les Ardennes ne font pas exception : plusieurs établissements sur Rethel, Charleville-Mézières, Sedan ou Givet, proposent des logements pensés pour accueillir un couple, même si la demande excède parfois l’offre, surtout dans le secteur public.

Modalités d’accueil

  • Pour être accueillis en couple, les deux membres doivent, en général, remplir les critères d’admission (âge, niveau d’autonomie).
  • A noter : certains établissements limitent l’accès en cas de pathologie lourde ou de dépendance sévère d’un des deux conjoints (GIR 1 ou 2).
  • Des dispositifs spécifiques peuvent s’appliquer lorsque la dépendance survient après l’installation.

Coût d’un logement en couple en résidence senior

* * *

Le coût représente souvent la principale préoccupation. La tarification diffère selon les établissements :

  • En résidence autonomie (ex-foyer-logement), les deux membres paient la redevance logement, mais certains foyers proposent un forfait couple avantageux.
  • En résidence services privée, la location d’un appartement T2 ou T3, plus spacieux, engendre un surcoût par rapport à un studio, auquel s’ajoutent les prestations et les services (restauration, animations).
  • En 2023, selon la FNRS, le loyer moyen d’un appartement T2 en résidence privée varie de 1200 à 1600 euros/mois (hors aides), auquel peut s’ajouter un forfait pour le deuxième occupant.

Des aides sont mobilisables :

  • APL (aide personnalisée au logement)
  • Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA)
  • Réduction d’impôt sur certains services à la personne

Le calcul de l’APL varie selon les revenus cumulés du couple. Les assistantes sociales du département ou de la caisse de retraite peuvent accompagner dans ces démarches.

Respect de la vie privée et du projet de vie en couple

* * *

L’une des difficultés historiques dans les structures collectives était le respect de l’intimité. Les résidences seniors modernes, construites depuis les années 2000, ont intégré cette exigence dans leurs chartes. Différents rapports de la CNSA et de la HAS (Haute Autorité de Santé) rappellent que le respect de la vie privée, de la vie affective et sexuelle relève de droits fondamentaux, y compris dans le grand âge.

  • Possibilité de personnaliser son logement et de conserver ses habitudes (literie, décoration)
  • Accueil des conjoints non-mariés, partenaires de PACS ou compagnons sans lien légal, sous réserve d’accord du gestionnaire
  • Droit de recevoir famille, amis, et de circuler librement
  • Adaptation progressive du projet d’accompagnement : En cas de modification de la situation de l’un des conjoints (lourde dépendance), un accompagnement spécifique, en lien avec le médecin coordonnateur, est proposé – le maintien du couple étant alors prioritairement recherché lorsque c’est souhaité et possible.

Le Conseil de la Vie Sociale (CVS), obligatoire dans toute résidence autonomie depuis 2022, défend activement ces droits ; chaque couple peut en être membre ou solliciter le CVS pour des questions de vie privée ou de cohabitation.

Situations spécifiques : maladie, dépendance, décès d’un des conjoints

* * *

La réalité de la vie en résidence senior ne met pas à l’abri des aléas de santé ou de la perte de l’un des membres du couple. Plusieurs points sont à prendre en compte :

Si la dépendance s’installe

  • Lorsque l’un des deux développe une dépendance lourde, toutes les résidences seniors ne peuvent pas assurer un accompagnement médicalisé de longue durée. Un relogement, soit en EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes), soit en service de soins à domicile, peut être envisagé.
  • Le maintien dans le même logement, même si un lit médicalisé ou des aides à domicile sont mobilisés, reste possible tant que cela n’excède pas les capacités de la structure.
  • Dans la pratique, des accords existent pour éviter la séparation brutale du couple : un délai de transition est souvent respecté, le temps de trouver une solution adaptée (source : France Alzheimer, Guide familles 2023).

En cas de décès d’un des membres du couple

  • Le conjoint survivant peut généralement conserver l’occupation de l’appartement en son nom propre. Il devra toutefois ajuster son contrat d’hébergement et revoir la tarification.
  • Des accompagnements psychologiques ponctuels peuvent être proposés par les équipes de la résidence ou par les organismes partenaires locaux (ex : France Bénévolat, Croix-Rouge Ardennes).

Offre et spécificités dans les Ardennes

* * *

Le département des Ardennes recense une quinzaine de résidences autonomie, dont plusieurs acceptent explicitement les couples (ex : Résidence Le Bois d’Amour à Charleville-Mézières, Résidence Les Jardins à Sedan). Cf. annuaire départemental disponible auprès des CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale).

  • Aides de la collectivité : Ardennes Conseil Départemental relaie régulièrement des informations sur l’adaptation du parc de logements, avec des subventions à la rénovation pour l’accessibilité. Le Plan Départemental en faveur du bien vieillir 2021-2026 mentionne la priorité donnée au maintien de la vie de couple en institution.
  • Initiatives intergénérationnelles : Certaines structures (notamment sur Revin et Vouziers) expérimentent des appartements partagés permettant la cohabitation de personnes âgées, couples ou non, et proposent un accompagnement spécifique pour les conjoints souhaitant s’insérer dans une vie associative locale.

Questions fréquentes des couples seniors et préconisations

* * *
  • Faut-il être marié pour vivre en couple en résidence senior ?
    • Non, la plupart des établissements admettent les couples pacsés ou en concubinage, sous réserve de déclaration commune sur le dossier d’admission.
  • Que se passe-t-il si l’un devient très dépendant ?
    • En fonction de la gravité, un accompagnement renforcé est proposé. La séparation est envisagée seulement si la prise en charge devient impossible.
  • Peut-on toucher l’APL à deux en couple ?
    • Oui, mais le calcul est alors réalisé sur les ressources du couple ; les montants peuvent donc être inférieurs à celui d’une personne isolée.
  • Quelles démarches spécifiques ?
    • Un dossier unique d’admission peut suffire, mais il est recommandé de préciser le statut de chacun sur les formulaires et d’évoquer toute situation particulière (différence d’âge, pathologie…)

Vers un accompagnement plus personnalisé des couples : enjeux et perspectives

* * *

La montée du nombre de couples âgés vivant ensemble en institution interroge les politiques publiques (voir le rapport du Défenseur des Droits, 2021). Elle soulève aussi des défis : adaptation des espaces, formation du personnel, maintien de l’intimité mais aussi gestion de la dépendance évolutive.

Des initiatives existent déjà pour encourager l’innovation sociale : certains bailleurs sociaux des Ardennes expérimentent la colocation senior ou l’accueil modulable en résidence autonomie, parfois en partenariat avec les associations locales de familles ou de défense des droits des usagers. Les retours font état d’un bénéfice réel au maintien du couple, tant sur le plan moral que de la santé globale (source : Observatoire de l’Autonomie, 2023).

Enfin, la prise en charge des couples doit continuer de s’améliorer, afin que les choix de vie, même quand le grand âge arrive, soient respectés et accompagnés sur l’ensemble des territoires, ruraux comme urbains.

En savoir plus à ce sujet :

* * *